Robert Pires, ancien champion de football, suggère dans une récente interview que les athlètes professionnels sont souvent formés à ne pas exprimer ou à ne pas montrer ouvertement des périodes de dépression ou de doute qu'ils traversent, ce qui peut avoir des conséquences négatives sur leur bien-être et dévastatrices pour leur après-carrière.
Les athlètes ressentent très souvent une énorme pression pour maintenir une façade de force et de confiance, même lorsqu'ils luttent émotionnellement parfois de manière permanente. Leurs performances en sont impactées et leur santé psychologique tout autant. Un exemple tout simple : un joueur de football pourrait hésiter à admettre qu'il se sent mentalement épuisé avant un match important, de peur que cela soit perçu comme un signe de faiblesse et que l'entraineur ne le remplace en cours de match ou avant même le match. Il va donc masquer ses émotions sans pouvoir les réprimer en son for intérieur. Ce conflit intérieur va "rendre", sauf miracle, ses performances médiocres à court terme, cela va le déstabiliser psychologiquement sur le moyen terme (il va rater des échéances où il aurait pu "tellement mieux faire", ne jamais retrouver son niveau, afficher une colère ou une frustration destructice ou au contraire devenir mutique etc.) et sur le long terme il va développer regrets, sentiments d'échec qui le poursuivront sans qu'ils puissent rien y faire.
De la même manière, un joueur de tennis pourrait vouloir cacher ses doutes quant à ses performances (il sait qu'il peut vraiment perdre ce prochain match) pour éviter de paraître moins compétent devant ses concurrents, sa famille et ses fans. Non seulement il peut perdre ce match, ce qui renforcera une forme de fragilité psychologique. Mais s'il gagne justement ce match "dans cet état", cela pourra renforcer une propension à developper "volontairement" des doutes avant chaque match, ce qui à terme le fragilisera et réduira de toute façon ses chances de gagner de nombreuses fois, faisant subir à sa carrière un virage qu'il aurait pu éviter. L'image intérieure qu'il a de lui-même et celle qu'a l'extérieur il veut montrer entreront en conflit permanent, conflit qui s'exprimera par des symptômes récurrents : stress, anxiété, dévalorisation, égo négatif, colère, parfois violence, troubles alimentaires, addictions, dépression etc. Robert Pires met donc en avant avec pertinence l'importance de reconnaître et de traiter les défis en matière de santé mentale chez les athlètes lorsqu'ils sont en activité, car réprimer ces sentiments, ne pas en parler, même un peu, même à demi-mots, peut créer des dommages à long terme. Cette perspective vise à encourager un environnement plus ouvert et favorable dans le monde du sport professionnel à prendre en considération la dimension psychologique de chacun.
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